samedi 3 mars 2007

Du Culte de la Sainte Vierge dans l'ancien Paris

PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DE PARIS.

Dans le dessein que nous avons conçu de tracer le tableau du dévouement de la France entière au culte de Marie, nous nous sommes demandé: Par où commencer ce grand travail? A quels diocèses donner la priorité? Personne, nous le pensons, ne sera surpris de notre choix. Il est dans l'ordre, comme dans la nature, que nous parlions d'abord de ce que nous connaissons le mieux, de ce que nous avons sous les yeux et touchons pour ainsi dire de nos mains. Là, les renseignements plus abondants nous mettent à même de donner plus d'intérêt au commencement de notre ouvrage, et par cet intérêt d'exciter l'émulation des diocèses qui pourraient ajouter de nouveaux détails à ce qu'ils nous ont déjà envoyé, afin de figurer avec plus d'honneur dans le grand tableau que nous offrons à tous les coeurs catholiques.

Nous commençons donc par la province ecclésiastique de Paris. Cette province comprend six diocèses. Paris, Blois, Chartres, Meaux, Orléans et Versailles. Nous allons parcourir successivement ces diocèses, et y suivre comme à la trace la dévotion des peuples envers la sainte Vierge depuis l'origine du christianisme jusqu'à nos jours.


DIOCÈSE DE PARIS.

Le diocèse de Paris, un des premiers de la chrétienté par son influence sur la France et sur le monde, est encore un des premiers par sa dévotion à la très-sainte Vierge. C'est là un fait patent à toutes les époques, et qu'on trouve écrit en quelque sorte à tous les horizons du diocèse. Transportez-vous à la métropole comme à un centre commun; regardez où vous êtes, regardez tout autour de vous; la dévotion à Marie vous apparaît partout, attirant les populations par ses charmes, leur inspirant des goûts de pureté et d'innocence, portant toutes les âmes à la vertu. Vous la voyez rayonner de Notre-Dame de Paris à toutes les parties du diocèse, comme les rayons lumineux autour du foyer. Pour constater ce fait si remarquable et peut-être jusqu'à présent trop peu remarqué, nous étudierons, au point de vue du culte de Marie: 1º l'ancien Paris, qui n'était autrefois que l'île formée par la Seine, qu'on appelle aujourd'hui la Cité; 2º la rive gauche de la Seine, 3º la rive droite; 4º le territoire en dehors de Paris, 5º l'esprit du diocèse considéré dans son ensemble. (1)
(1) Le Cartulaire de Notre-Dame de Paris, publié par M. Guérard en quatre volumes in-4º, contient presque toutes les chartes qui nous ont servi pour connaître ce qui regarde le diocèse de Paris: il en est la dernière et la plus exacte édition.

CHAPITRE PREMIER.

DU CULTE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ANCIEN PARIS.

Quoique le culte de la sainte Vierge remonte à l'origine même du christianisme, puisqu'il en fait partie essentielle, il est diffile d'en trouver des traces à l'époque où saint Denis évangélisa la Cité. Car alors les premiers chrétiens, en butte à des persécutions qui ne se ralentissaient quelques instants que pour se rallumer avec plus de fureur, loin d'avoir des temples publics, trouvaient à peine des asiles assez secrets pour se dérober aux recherches de leurs cruels ennemis. Évidemment, dans des circonstances aussi difficiles, saint Denis n'aura pu réunir ses néophytes que dans des cryptes ou lieux souterrains qu'on ne peut connaître exactement, pour les instruire et les faire participer aux saints mystères. Ses successeurs les plus rapprochés, placés dans des conditions non moins orageuses, et prêchant dans des lieux encore arrosés de son sang, n'auront guère pu faire davantage. Mais lorqu'en 313 Constantin eut placé la religion sur le trône, et autorisé ou plutôt encouragé la pratique publique du christianisme, aussitôt les évêques de Paris s'occupèrent de faire construire dans la Cité une église qui leur servit de cathédrale; et quelle fut cette première église? S'il était démontré que ce fut une église consacrée à la Mère de Dieu, ne serait-ce pas là un fait bien digne d'être signalé au début de l'ouvrage que nous entreprenons? Quel coeur chrétien ne caresserait avec amour cette pensée, que la première église où Dieu a reçu des hommages publics et solennels sous le ciel de Paris a été consacrée sous le patronage de la Vierge-Mère, qui a ainsi partagé avec son Fils les prémices du culte public dans l'antique Lutèce? Qui ne serait heureux de rencontrer une église Notre-Dame au berceau même du christianisme, et dans la suite constamment honorée comme telle par tous les âges chrétiens? Or, c'est là le beau spectacle qui va nous apparaître par l'étude de l'histoire.

Pour le bien faire ressortir, il faut distinguer deux époques. La première depuis l'arrivée de saint Denis à Paris jusqu'au règne de Clovis; la seconde depuis Clovis jsqu'à nous. Quant à la première époque, il ne nous reste de toute l'histoire du christianisme dans l'ancien Paris que peu de documents, encore très-imparfaits; les uns sur l'apostolat et le martyre de saint Denis, les autres sur les vies de saint Marcel et de sainte Geneviève; et la vie de saint Marcel est la seule qui nous parle d'une église bâtie sur les bords de la Seine et dans l'île, église unique alors, puisqu'elle est seule mentionnée, et que d'ailleurs elle suffisait bien à la chétive bourgade celtique qui devait devenir un jour l'Athènes du monde, église où officiait l'évêque et qui était par conséquent l'église cathédrale. Mais ce document incomplet ne nous dit point le nom de l'église. Comment donc le savoir? Le seul moyen de le découvrir, c'est d'aller à sa recherche par la voie de l'induction, en demandant à la seconde époque ce que la première ne nous dit pas. Dans la première époque, la cathédrale n'est pas nommée, parce qu'étant alors la seule église de la Cité, elle était suffisamment désignée par le nom générique d'église: dans la seconde époque, au contraire, quand, sous Clovis et ses successeurs, on eut bâti plusieurs églises, il fallut bien l'appeler par son nom pour la distinguer des autres, et ce nom par lequel on l'appela ne put être autre que le vocable sous lequel elle avait été consacrée dès le principe. Et peu importe à l'objet de nos recherches que ce fût la cathédrale même primitive ou une autre cathédrale bâtie en sa place, puisqu'il n'est nullement probable qu'en reconstruisant la cathédrale on en ait changé le vocable.

Toute la question se réduit donc à savoir quel nom ont donné à la cathédrale de Paris les premiers monuments qui la nomment et tous les âges postérieurs. S'ils l'ont appelée l'église Notre-Dame, en lui assignant ce vocable, non comme nouveau, mais comme usuel et déjà ancien, nous en induiront, au moins avec grand probabilité, que la cathédrale a été dès le principe une église de la sainte Vierge; c'est-à-dire, comme on le voit, que la seconde époque nous renseignera sur la première. Or c'est un fait facile à établir qu'à partir du sixième siècle, époque où pour la première fois la cathédrale de Paris porte un nom dans l'histoire, elle est appelée l'église Sainte-Marie, l'église de la sainte Mère de Dieu, l'église de Notre-Dame.

En effet, le premier monument historique qui nomme la cathédrale, c'est la charte de Childebert, successeur immédiat de Clovis, en date du mois de janvier 558 (1).
(1) Nous suivons dans cette date la chronologie de Gérard Dubois, auteur d'une histoire latine du diocèse de Paris, malheureusement inachevée, aussi remarquable par sa judicieuse critique que par son excellente latinité. Cet habile historien a remarqué dans une très-ancienne copie de la charte de Childebert, conservée aux archives du chapitre de Paris*, une lacune entre les lettre numérales X et VII; la vétusté en a fait disparaître une lettre qu'il présume avoir été la lettre L, de sorte qu'au lieu de lire, comme certains auteurs qui n'ont tenu aucun compte de la lettre disparue par la vétusté, l'an XVII du règne de Childebert, il faut lire l'an XLVII; et comme le règne de Childebert a commencé en 511, époque de la mort de Clovis, la quarante-septième année de son règne correspond à l'année 558 de l'ère chrétienne, qui est la vraie date de cette charte, et s'accorde parfaitement avec ce qui y est dit de saint Germain, puisque celui-ci monta sur le siège épiscopal en 554 ou 555.
* Cette charte, extraite du cartulaire du chapitre de Paris qui a pour titre Le petit pastoral, a été imprimée en 1639 par Jacques Dubreuil dans son Théâtre des antiquités de Paris, et en 1843 dans l'ouvrage intitué Dimplomata, chartae, etc.
t. I, p. 115.

Ce prince était malade dans sa maison de campagne de Chells (Cellas), située au confluent de l'Yonne et de la Seine, et abandonné des médecins qui désespéraient de sa guérison, il appelle à son secours Germain, évêque de Paris. Celui-ci se rend aussitôt à la demande de son souverain, prie pour lui, applique ses mains vénérables sur les endroits où se fait sentir la douleur, et le royal malade recouvre aussitôt une santé sur laquelle il ne comptait plus. En reconnaissance d'un si grand bienfait, Childebert, par une charte solennelle, fait don de divers domaines à l'église qu'il appelle "l'église mère de Paris, dédiée en l'honneur de Marie, mère de notre Seigneur Jésus-Christ, et dans laquelle on voit officier et présider le seigneur évêque Germain; Matri ecclesiae parisiacae, quae est dedicata in honore sanctae Mariae Matris Domini nostri Jesu Christi.... ubi ipse domnus Germanus praeesse videtur." Or, peut-on désigner plus clairement la cathédrale de Paris que par ces mots: l'église mère où l'on voit présider l'évêque? et peut-on l'appeler l'église de la sainte Vierge ou l'église de Notre-Dame dans un langage plus net et plus précis que celui-ci: l'église qui a été dédiée en l'honneur de sainte Marie? expressions qui, prises dans leur sens rigoureux, font remonter la dénomination d'église Notre-Dame à l'époque même de sa dédicace ou de sa consécration, c'est-à-dire à sa première origine, puisque, d'après les règles ecclésiastiques, on ne peut ni se servir d'une église sans auparavant la consacrer ou la bénir, ni la consacrer ou la bénir sans la dédier sous un vocable particulier. Et cette interprétation est confirmée encore par les chartes de nos rois, qui, comme nous le verrons plus tard, disent positivement que la cathédrale a été fondée en l'honneur de la Mère de Dieu. In honore Dei Genitricis fundata (1).
(1) L'abbé Lebeuf, qui, dans son Histoire du diocèse de Paris, rejette la charte de Childebert pour en avoir mal compris la date, admet néanmoins que la cathédrale de Paris possédait au sixième siècle les domaines mentionnés dans la charte, savoir: la maison royale de Celles, un petit domaine en Provence, dont les plants d'oliviers devaient fournir à l'église son luminaire, et enfin des salines à Marseille; mais il ne peut assigner l'origine de ces propriétés. Dom Bouquet, dans son savant Recueil des historiens français, a été mieux avisé, et admet cette charte sans conteste.

Nous ne dissimulons pas que la charte de Childebert ajoute au vocable de la Mère de Dieu le nom de plusieurs saints, savoir: des saints martyrs Étienne et Vincent, des douze apôtres et autres saints dont on possédait les reliques. Mais cette addition n'infirme en rien notre thèse; elle prouve seulement que ce qui existe encore aujourd'hui dans beaucoup d'églises avait lieu alors, c'est-à-dire qu'au patron principal on ajoutait des patrons secondaires. C'est ainsi que deux autres chartes de Childebert, bien incontestablement authentiques, désignent la cathédrale du Mans sous le double vocable de sainte Marie et des deux saints martyrs Gervais et Protais (2)

(2) Analecta vetera, t. III, p. 86 et 94. -- dom Bouquet, Recueil des historiens français, t. III, p. 618.

De même, pour la cathédrale de Paris, quoique la sainte Vierge en fût patronne principale, Childebert nomme comme patrons secondaires: 1° saint Étienne, parce que les miracle éclatants opérés à la translation de ses reliques, dans le siècle précédent, célébrés par la bouche éloquente de saint Augustin devant tout le peuple d'Hippone qui en était témoin oculaire, redits si magnifiquement dans son immortel ouvrage de la Cité de Dieu, avaient retenti dans tout l'univers et rendu grand et cher à la foi le nom du premier des martyrs; 2° saint Vincent, martyr de Saragosse, parce que le roi qui avait rapporté de son expédition d'Espagne, comme le plus précieux de tous les trophées, les reliques de ce saint diacre, les avait fait déposer à la cathédrale en attendant l'achèvement de l'église qu'il faisait construire pour les recevoir, et qui est aujourd'hui Saint-Germain des Prés (1).
(1) Il est en effect constant, par la Vie de saint Droctovée *, premier abbé de Saint-Vincent, que l'église ne fut consacrée qu'après la mort de Childebert. Il y est dit que, les évêques et les prélats du royaume étaint venus à l'aproche de la solennité de Noël rendre leurs hommages au roi, dont ils ignoraient encore la mort, saint Germain profita de leur présence pour consacrer avec toute la pompe possible l'église dans laquelle il venait d'enterrer le prince fondateur, qu'il la dédia, ainsi que le monastère contigu, à sainte Croix et à saint Vincent, et y installa une communauté religieuse, à la tête de laquelle il mit son disciple Droctovée.

* Cette vie fut écrite au neuvième siècle par Gislemar, moine de l'abbaye Saint-Vincent, et a été insérée dans les actes de l'ordre de Saint-Benoît, d'où dom Bouquet a tiré ce fragment, qui se trouve au tome III, p. 436, de son recueil.

C'est faute de faire attention à ces usages liturgiques que plusieurs auteurs ont été amenés, par l'impossibilité d'expliquer les divers vocables consignés dans les monuments historiques, à supposer sans preuves, les uns, comme Sauval et Grandcolas, plusieurs églises bâties dans l'île, dont ils ne sauraient fixer ni l'auteur, ni l'occasion, ni l'époque, les autres, deux basiliques juxtaposées, et réduites plus tard en une seule. Toutefois, quoique la supposition de ces deux basiliques ne soit pas nécessaire pour expliquer la charte de Childebert, nous n'en nions pas l'existence. Nous croyons même plus probable que Saint-Étienne le vieux, où a été tenu le sixième concile de Paris, sous Louis le Débonnaire, était une église de Saint-Étienne attenante à l'ancienne cathédrale, et qui aura été détruite par Maurice de Sully pour bâtir la cathédrale actuelle.

Si l'on nous oppose une charte de Vandimir et d'Erchamberte, dont l'original sur papyrus se conserve aux archives de l'Empire et que cite Mabillon (1),

(1) De re diplomaticâ, p. 472 de l'édit. de 1682, et 474 de l'édit. de 1709. -- Diplomata, chartae, etc., t. II, p. 208.: Splendida marmoreis attollitur aula columnis, Et quia pura manet, gratia major inest. Prima capit radios vitreis oculata fenestris Artificisque manu clausit in arce diem. Cursibus aurorae vaga lux laquearia complet Atque suis radiis et sine sole micat. Hoc pius egregio rex Childebertus honore Dona suo populo non moritura dedit, Totus in affectu divinae
legis inhaerens Ecclesiaeque juges emplificavit opes.

en date de l'an 690, laquelle ne désigne la cathédrale que sous le nom de Saint-Étienne, donamus donatumque perpetuo esse volumus, dit cette charte dans le latin de l'époque, fécond en solécismes, ad basilica domnae Stephanae in Parisius ubi domnus Sigofridus pontifex praeesse videtur, nous répondrons que cette pièce n'infirme ni la charte de Childebert, qui est plus ancienne de cent trente-deux ans, ni la tradition de tous les âges; elle prouve seulement que ses auteurs ont désigné la cathédrale par le nom de son patron secondaire, pour lequel peut-être ils avaient une vénération spéciale.

Nous tenons donc le titre d'église Notre-Dame donné à la première église bâtie à Paris comme un fait acquis à l'histoire dès le milieu du sixième siècle. Si de ce point de départ nous suivons dans la cathédrale le culte de Marie à travers les âges, nous voyons d'abord Childebert porter l'élan de sa reconnaissance bien au delà des donations indiquées dans sa charte. Le poëte-évêque Fortunat nous le représente (2) ornant l'église Notre-Dame à ses frais, et lui donnant de brillantes colonnes de marbre et des vitraux radieux..
(2) Pièce XI du liv. II.

C'est-à-dire: Des colonnes de marbre soutiennent un splendide édifice, d'autant plus gracieux qu'il est plus pur. Éclairé par de magnifiques vitraux, il reçoit les premiers rayons du soleil, et l'habile artiste a su renfermer la lumière entre les murs du temple. L'aurore chaque matin inonde les lambris de sa lumière incertaine et les illumine de ses rayons avant ceux du soleil. Telles sont les précieuses et immortelles largesses faites à son peuple par le pieux roi Childebert, qui, tout entier dévoué de coeur à la loi de Dieu, a accru de plus en plus les magnificences de l'église (1).

(1) Quelques éditeurs de Fortunat appliquent ces vers, composés après la mort de Childebert, à l'église Saint-Vincent, aujourd'hui Saint-Germain des Prés. Nous croyons que c'est à tort, car 1° la pièce est intitulée De ecclesiâ parisiacâ, ce qui indique l'église par excellence, l'église cathédrale; 2° elle est précédée d'une pièce de poésie adressée Ad clerum parisiensem, ce qui indique qu'il s'adresse dans ses vers à tout le clergé de Paris, et par conséquent qu'il parle ici de la cathédrale, qui seule est l'église de tous; 3° surtout, la pièce ne parle pas d'une construction nouvelle, mais d'embellissements et de magnificences ajoutées à d'autres magnificences: Ecclesiaeque juges amplificavit opes.

Peu après, nous voyons l'auteur inconnu de la vie de saint Cloud, qui vivait dans la seconde moitié du sixième siècle, raconter que ce saint donna à l'église mère de Paris, c'est-à-dire, s'empresse-t-il d'ajouter, à Sainte-Marie, matri ecclesiae Civitatis, videlicet Sanctae Mariae, le monastère qu'il avait fondé dans la bourgade de Nogent, qui devait dans la suite s'appeler de son nom.

Vers la même époque, quand les chroniqueurs du sixième siècle, copiés par le compilateur Aymoin, rapportent que Frédégonde, après la mort de Chilpérice, se retira, emportant avec elle ses trésors, dans l'église de Paris, ils ont soin d'ajouter qu'ils entendent par là la basilique dédiée à la sainte Vierge, ad basilicam Parisiacae urbis, in honore sanctae Mariae dedicatam, et ils remarquent qu'elle s'y conduisit d'une manière qui prouvait qu'elle ne respectait ni le Saigneur ni sa Mère, dans la maison de laquelle elle avait trouvé un asile: Nec verebatur Dominum aut ejus Genitricem, in cujus manebat domo.

Mais c'est surtout au temps de Charlemagne qu'abondent les pièces qui assurent à la cathédrale de Paris, avec la vénération des rois et des peuples, le titre de Notre-Dame ou de Sainte-Marie. La première est un décret de Charlemagne, dans un procès qui s'était élevé entre l'évêque de Paris et l'abbé de Saint-Denis, et dont la solution avait été confiée à l'épreuve judiciaire de la croix, subie par les champions que fournit chacune des deux parties. Le champion de l'évêque ayant succombé, Charlemagne constata le fait par un décret qui porte la date de la septième année de son règne, ou de l'an 775 de l'ère chrétienne, et qui redit jusqu'à trois fois que l'évêque a agi au nom de l'église de Sainte-Marie, de Saint-Étienne et de Saint-Germain (1): paroles qui ont paru décisives à Mabillon, lequel jusqu'à cette époque n'était pas d'accord avec nous.
(1) Mabillon, De re diplomaticâ, lib. VI, p. 498.

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